Comment
(tenter de) financer ses études
En principe, pour tous ceux qui n'ont pas la chance
d'avoir des parents qui peuvent et veulent payer,
l'aide sociale étudiante est là pour
ça. En principe seulement.
Tout d'abord, l'aide est dramatiquement insuffisante.
Proportionnellement au nombre d'étudiants,
elle n'a cessé de régresser depuis
quarante ans, tandis qu'augmentait le coût
des études. Le récent Plan Social
Étudiant (PSE) de l'ex-ministre Allègre,
qui a prétendu résoudre tous les problèmes,
a été au mieux une aumône, par
rapport à la réalité des besoins,
et une aumône distribuée de façon
très contestable. Tout cela a été
souligné par le rapport rédigé
cet hiver par le directeur du CROUS de Créteil,
Jean-François Dauriac, rapport que le ministère
a rejeté avec indignation. Ensuite, le système
est d'une effroyable complexité, comme vous
allez vous en apercevoir. Ça n'a pas, cependant,
que des inconvénients : les possibilités
d'aide sont multiples et donc les chances d'en obtenir
une, même faible, supérieures… si on
arrive à s'y retrouver.
Pour nous, le rôle d'un syndicat étudiant
est triple :
1) dénoncer cette situation scandaleuse,
en contradiction flagrante avec le discours officiel,
et demander un plan d'urgence pour y remédier.
2) informer les étudiants sur les possibilités
d'obtenir une aide.
3) défendre auprès de l'administration
tous les dossiers individuels qui nous parviennent.
Avant de vous aventurer dans ce maquis, notez l'adresse
essentielle, celle du service des Bourses de Paris
IV, en Sorbonne, au rez-de-chaussée, salle
G660, entre l'escalier H et l'escalier I (Tél:
01-40-46-25-87). Un
coup de chance : il
est juste à côté du local A.G.E.P.S.
Quelques points essentiels :
- Attention aux dates ! Il faut s'informer aux locaux
de l'A.G.E.P.S, regarder les panneaux d'affichage
ou s'informer au service des bourses (les adresses
sont dans le guide) pour savoir les dates de retrait
et de dépôt des dossiers.
- Les demandes de bourses et les renouvellements
se font entre janvier et avril par Internet et minitel.
Il faut se renseigner au service des bourses.
- Le renouvellement des bourses se fait chaque année.
Autrement dit, ce n'est pas parce que vous avez
obtenu une bourse de cycle que vous ne devez pas
remettre un dossier à chaque début
d'année. Faute de quoi, votre bourse peut
être supprimée. On peut garder sa bourse
en cas redoublement (à condition de passer
ses examens) ou de réorientation.
- Les bourses ne sont pas cumulables (il peut y
avoir cependant des exceptions).
La Bourse d'Enseignement
Supérieur (BES)
Accordée par le ministère de l'éducation
nationale, c’est la plus importante des aides financières
et se divise en deux catégories :
* La BES sur critères universitaires, qui
concerne le DEA, le DESS et l'Agrégation.
Leur nombre est limité. Elle est attribuée
principalement sur critères universitaires,
mais les critères sociaux sont aussi pris
en compte. La décision est prise par la Commission
des Bourses, dans laquelle nous sommes présents.
* La BES sur critères sociaux, qui englobe
tout le cursus (y compris le CAPES). C’est un droit,
c'est à dire que si vous correspondez aux
critères, vous l'obtenez.
Pour obtenir la BES sur critères sociaux,
trois conditions sont à satisfaire:
* Avoir moins de 26 ans au 1er octobre de l'année
universitaire.
* Etre de nationalité française (possibilité
de dérogation notamment pour les ressortissants
de l’UE). Les étudiants étrangers
doivent avoir résidé en France pendant
les 2 dernières années précédant
la rentrée universitaire.
* Répondre à des critères sociaux.
Ces critères sont loin d'être parfaits.
Il y a un barème de six échelons,
calculé à partir de différents
critères (le principal est le revenu des
parents, mais on tient compte aussi de la distance
entre la fac et le domicile, du nombre d'étudiants
dans la famille…). Le montant pour un an varie d'environ
8000 F pour l'échelon 1 à un peu plus
de 23 500 F pour l'échelon 5.
Le plan social étudiant a créé
un sixième échelon dit "zéro"
pour ceux qui sont à la limite du barème.
On ne touche pas un centime, mais on est dispensé
des droits d'inscription et de la sécurité
sociale. Très peu d'entre nous sont concernés
(12 000 l'an passé), et c'est un bon moyen
pour le ministère de faire monter le pourcentage
de boursiers sans (presque) rien dépenser.
Pour apprécier la demande du candidat, il
est tenu compte du revenu parental et de la situation
familiale. Vos revenus personnels ne peuvent être
pris en compte que dans trois cas seulement :
* Si vous êtes marié et votre conjoint
salarié.
* Si vous avez fait pendant 2 ans une déclaration
d'impôts distincte de vos parents.
* Si vous avez un ou plusieurs enfants à
charge.
Formalités à accomplir
* Connectez-vous sur le 36 14 SITAP*DSE ou sur Internet
entre le 15 janvier et le 30 avril environ (voir
calendrier plus précis affiché). Munissez-vous
de votre avis d'imposition 2000 (ou celui de vos
parents).
* Internet : http://des.ac-Paris.fr
* Le dossier est disponible mi-mars. Il est à
remettre avant le 1er mai. On est en octobre ? Qu'à
cela ne tienne ! Un arrangement est toujours possible,
dans la mesure où votre situation le justifie
: vous avez quitté un emploi à temps
partiel pour vous consacrer à vos études,
vos parents ont perdu leur emploi... Au besoin forcez
un peu la dose, mais n'inventez rien, car vos propos
seront vérifiés.
N.B.: Le statut de boursier vous dispense d'acquitter
les droits d'inscription et vous permet d'obtenir
le remboursement de la sécurité sociale
au mois de janvier sur présentation de votre
avis d'attribution conditionnelle. Il ne faut pas
oublier que le renouvellement de la bourse se fait
chaque année pour vérifier que l'étudiant
correspond toujours aux critères sociaux.
* En cas de problème : Pour tous vos problèmes
financiers (ex : délai de versement d'une
bourse non respecté), prenez rendez-vous
avec une assistante sociale du CROUS, 39, av. Georges
Bernanos, 3ème étage, porte 302, Tél.
01-40-51-37-58 ou 01-40-51-37-10-14. Normalement,
les étudiants de la Sorbonne sont reçus
par l'assistante sociale de Paris IV, 18, rue de
la Sorbonne, 2ème étage (Tél.
01-40-46-27-13).
* En cas de grave imprévu financier, l'assistante
sociale peut vous proposer une aide du FSU (Fond
de solidarité universitaire). Le CROUS dispose
à ce titre d'une subvention annuelle. Les
aides financières (dons, prêts sur
bourses, etc.) sont accordées après
l'étude du dossier en sous-commission du
CA du CROUS, sur critères sociaux et pédagogiques.
Enfin, si vous rencontrez certains problèmes
administratifs avec le CROUS (retards de dossiers,
malentendus, etc.), n'hésitez pas à
faire appel à l'A.G.E.P.S.
En cas de redoublement
L'AG.E.P.S demande :
une véritable année joker garantissant
le droit au redoublement des boursiers.
L'A.G.E.P.S peut t'aider
: (premier cycle) à défendre
ton dossier de maintien de bourse si tu ne rentres
pas dans les critères, en faisant valoir
tes arguments auprès du CROUS, ou une autre
aide (FAVE ou FSU, ou au moins exonération
de droit d'inscription, voir ci-dessous).
L’AGEPS peut t’aider :
à faire cette vérification, et en
suivant ton dossier de demande d’allocation.
Un acquis récent du mouvement étudiant
est le maintien de bourses au même échelon
pour les redoublants de premier ou de deuxième
cycle.
Attention :
être boursier oblige à être assidu
aux deux sessions d’examens et aux TD (le CROUS
par courrier recommandé peut dans le cas
contraire vous demander le remboursement de votre
bourse).
Pour les autres, redoubler entraîne la perte
des bourses. L’étudiant rétrograde
à l’échelon 0, ce qui évite
quand même de payer les frais d’inscription
et de sécurité sociale.
« Vous n'avez pas réussi à avoir
votre année avec une aide ? Essayez donc
sans ! » (ce qui veut presque toujours dire
en se salariant à plein temps). Quand on
est riche, on a le droit de passer deux ans sur
la même année. Quand on est pauvre,
pas question. Le Plan Social Etudiant a prétendu
résoudre ce problème, et l'UNEF-ID
a affiché partout qu'elle avait gagné
le maintien des bourses en cas de redoublement.
Mais comme nous venons de le voir, la réalité
est toute autre.
Les autres aides
Les Allocations d'Etudes
C'est la « grande innovation » du Plan
Social Etudiant, censée résoudre les
problèmes posés par les critères
d'attribution des bourses, fondés sur les
revenus des parents, pour les étudiants qui
ne reçoivent rien de leur famille. En fait,
elles posent plus de problèmes qu'elles en
résolvant. D'une part leur nombre est ridicule
(7500 prévues pour toute la France l'an passé).
D'autre part, il n'y a aucun critère d'attribution,
sinon la preuve, pas évidente à faire
d'ailleurs, qu'on est totalement indépendant
de ses parents (résultat : beaucoup d’allocations
d’études ne sont pas attribuées).
Les dossiers sont gérés par l’assistante
sociale. (Mme FETU, 18 rue de la Sorbonne, 1er étage,
Tel. 01-40-46-27-13).
Tu peux néanmoins tenter ta chance en retirant
un dossier au CROUS ou aux services des bourses
de Paris IV. Mais attention : ne le fais que si
tu n'as droit à aucune autre aide, car c'est
la plus difficile à obtenir. Surtout, même
si tes parents ne te donnent rien, vérifie
que leurs revenus ne donnent pas droit à
une bourse (si tu es dans les critères, l'attribution
est automatique. L'erreur fatale serait, sous prétexte
que tu es autonome, de te laisser entraîner
à courir après une aide aléatoire
alors que tu as droit à une bourse).
Le Fonds de Solidarité
Universitaire (FSU)
Le Fonds de Solidarité Universitaire est
une subvention de l’Etat qui permet aux d’apporter
sous forme de dons ou de prêts une aide financière
ponctuelle, d’un montant limité, aux étudiants
en difficulté. Le dossier n'est pas à
remettre au service des bourses mais à une
assistante sociale. Il ne s'adresse pas aux thésards
ni aux étudiants en double cursus. C'est
une aide insuffisante, mais qui peut être
précieuse.
Tout étudiant inscrit auprès d’un
établissement ou d’une section d’établissement
ouvrant droit au régime de sécurité
sociale étudiante peut, s’il est confronté
à une difficulté ponctuelle, solliciter
la contribution du FSU. Celle-ci n’est toutefois
accordée qu’après un entretien avec
une assistante sociale qui permet d’évacuer
de manière globale chaque cas. L’appréciation
se fonde sur la situation sociale, le parcours universitaire
de l’étudiant et les difficultés particulières
qu’il a pu rencontrer.
Les critères d’attribution :
* Avoir moins de 30 ans
* Etre de nationalité française, ou
de parents étrangers résidant en France,
les étudiants étrangers réfugiés
politiques, ou en possession d ‘une carte de résident
de 10 ans. Attention, les étudiants étrangers
doivent avoir validé au moins une première
année universitaire.
* Posséder des ressources familiales ou propres
rentrant dans le cadre du barème des bourses.
Les exonérations de droits d'inscription
À ne pas confondre avec la prétendue
« bourse à taux zéro »,
car attribuées beaucoup plus largement, par
l'Université. La loi Savary permet au chef
d’établissement d’exonérer de frais
d’inscriptions jusqu’à 10% de ses étudiants
non boursiers. Attention, ne sont remboursés
que les frais de scolarité, pas la sécurité
sociale. Pour demander à être exonéré
ou remboursé de frais d’inscription, il faut
contacter le service des bourses qui se trouve salle
H660 en Sorbonne.
Le Fonds d’Amélioration
de la Vie Etudiante (FAVE)
Le FAVE est une aide sociale complémentaire
financée par les étudiants sur leurs
droits d'inscription (ce qui est bien sûr
très contestable). Comme son nom l'indique,
il ne constitue pas une aide sociale à proprement
parler mais un complément. Il est géré
non par le CROUS, mais par l'Université,
ce qui permet plus de souplesse (et donne plus de
poids aux syndicats étudiants) Cette aide
se situe entre 2 000 et 6 000 Francs par an mais
ne peut être obtenue qu’une seule fois dans
la scolarité.
b L'A.G.E.P.S peut t'aider : Deux élus UNEF
siègent à cette sous-commission, et
peuvent avoir un poids décisif pour l'attribution
des aides. Tu as donc tout intérêt
à passer nous voir avant de déposer
ton dossier. Évidemment, nous ne faisons
pas de clientélisme: nous défendons
les dossiers des étudiants qui ont le plus
besoin d'aide. Mais nous pouvons t'aider à
mettre en valeur tes arguments, et les défendrons
mieux en commission si nous avons étudié
le dossier avec toi auparavant.
De plus, il est toujours difficile d'écrire
une lettre de motivation quand on n'en a pas l'habitude.
Nous en avons une grande pratique, vus le grand
nombre de dossiers que nous avons traités,
et pouvons t'aider à la rédiger.
, L'A.G.E.P.S a obtenu : un rééquilibrage
entre les critères sociaux et les critères
de réussite universitaire. La tendance de
l'administration était de privilégier
systématiquement les étudiants de
deuxième et troisième cycle, aux dépens
des premiers "qui n'ont pas encore fait leurs preuves",
alors que ce sont souvent eux qui ont le plus besoin
d'aide. Depuis que nous participons à la
commission, plus d'aides leur sont attribuées.
La moitié des fonds sont consacrés
à l'aide sociale (le reste, à part
égale, à l'aide ERASMUS pour les étudiants
qui partent à l'étranger dans le cadre
de ce programme, et à l'action culturelle),
sous diverses formes : l'aide aux étudiants
de 3ème cycle, notamment ceux qui sont en
doctorat et à qui on demande des thèses
en plusieurs exemplaires, ce qui peut revenir cher.
Le FAVE peut payer la publication sur présentation
d'un devis. Le FAVE peut fournir une aide complémentaire
en attendant le versement de la bourse. Il n'y a
pas de critères de nationalité, à
partir du moment où l'étudiant a versé
parmi ses droits d'inscription les 55 Francs qui
vont au FAVE.
Les dossiers sont à retirer au service des
bourses de Paris IV. Les décisions sont prises
par la sous-commission FAVE de la Commission Sociale
d'Etablissement, qui est souveraine.
Très important : la sous-commission accorde
une grande importance à la lettre de motivation
où tu exposes ton cas (un dossier sans cette
lettre est presque à coup sûr rejeté).
À défaut
d'aide sociale
Les prêts d'honneur
* D'un montant de 7 000 à 10 000 F, les prêts
d'honneur peuvent être accordés aux
étudiants par le Rectorat, sur critères
sociaux et pédagogiques. Ils sont sans intérêts
et remboursables après dix ans.
* Pour la première session, les dossiers
sont disponibles en septembre et être déposés
en octobre.
* Pour la deuxième session, il faut remettre
le dossier en janvier.
* Des bourses sont aussi distribuées par
des organismes tels que l'AGIRCC (retraite complémentaire
des cadres) : renseignez-vous.
* Service des bourses et prêts d'honneur
du rectorat de Paris : ouvert : lundi et jeudi matin
1, rue Victor Cousin, 75005, Paris, Galerie Claude
Bernard, 2ème porte à droite, 3ème
étage.
* Enfin, sachez que beaucoup de conseils généraux
accordent aux étudiants de leur département
des bourses ou des prêts d'honneur d'un montant
en général modeste, sur critères
sociaux. Renseignez-vous auprès de votre
conseil général.
Les petits boulots
* Le pionnicat. Etre surveillants (pions) dans les
collèges et lycées, c’est souvent
la meilleure solution quand on est obligé
de travailler, même si, là aussi, les
réformes font rage. (Le ministère
préfère recruter des emplois-jeunes,
ça coûte moins cher et ça ne
fait pas d'études). Renseignez-vous au Rectorat,
division des personnels enseignants, bureau des
personnels auxiliaires, 12-20 rue Curial 75019,
Paris. Les recrutements ont lieu en janvier-février
pour la rentrée suivante. Ces postes sont
ouverts aux étudiants âgés de
moins de 29 ans, et on ne peut pas dépasser
7 ans de pionnicat.
* Le Service des Emplois Temporaires du CROUS de
Paris. En collaboration avec l'ANPE, il propose
des emplois à temps partiel ou à plein
temps, des gardes d'enfants à l'année,
des chambres au pair... dont la rémunération
est au moins égale au SMIC. Il faut s'inscrire
de 10 h à 11 h 45 le matin, du lundi au vendredi,
au 39 avenue G. Bernanos, 3ème étage,
sur présentation de la carte d'étudiant,
d’une justification de couverture sociale (Ex. carte
d'assuré social) et d’une photo d'identité
récente.
Les prêts bancaires
Ceux qui n'auraient pas trouvé leur compte
dans les informations précédentes
ont encore la possibilité d'un emprunt, même
si ça n'est jamais une bonne solution.
Attention: ils ne sont pas tous avantageux, et vous
avez intérêt à comparer les
conditions offertes par chaque établissement.
D'autre part, certaines banques consentent des prêts
importants même sans caution parentale.
Attention: s'endetter n'est pas toujours une solution
: trop d'étudiants sous-estiment la charge
du remboursement de l'intérêt et du
capital. Faites bien vos comptes.
Allocations d’études:
de l’utopie à l’arnaque
L’allocation d’études pour tous est une
revendication vieille comme le syndicalisme étudiant.
Elle repose sur l’idée que chacun d’entre
nous devrait être salarié par l’État
en tant qu’étudiant. À l’époque,
vers 1950, il n’y avait que quelques milliers d’étudiants,
presque tous issus de milieux aisés, qui
trouvaient injuste de dépendre financièrement
de leurs riches parents.
Aujourd’hui, la situation a radicalement changé.
Il y a plus de deux millions d’étudiants,
dont 700 000 sont obligés de se salarier
pendant l’année, beaucoup plus pendant les
vacances, aux dépens de leurs études,
de courir de petit boulot en petit boulot, voire
sombrent dans la misère (100 000 selon le
récent rapport Dauriac, rejeté par
Allègre, sont au-dessous du seuil de pauvreté
officiel).
Dans ce contexte, on voit mal quel sens peut avoir
la revendication d’une allocation dont le montant
serait le même pour tous, et qui remplacerait
à la fois les bourses et les aides au logement.
Bien évidemment, nous n’avons rien contre
son principe, si elle permettait à tout le
monde d’étudier. Seulement, pour cela, il
faudrait compter au moins 4000 F par mois, multipliés
par 2,2 millions d’étudiants, soit plus de
100 milliards de F par an ! Ceux qui prétendent
que nous pourrions l’obtenir aujourd’hui d’un seul
coup ne sont pas sérieux. En revanche, s’il
s’agit, avec un budget total constant voire en régression
de donner beaucoup moins à chacun pour donner
à tous la même chose, même à
ceux qui n’en ont pas besoin, nous ne sommes pas
d’accord. C’est ici qu’on passe de l’utopie à
l’arnaque.
Et c’est ici qu’on retrouve l’allocation instaurée
par le plan social d’Allègre, que l’UNEF-ID
considère comme sa grande victoire. En fait,
il s’agit, pour toute la France, de quelques milliers
d’aides de même montant qu’une bourse, mais
attribuées sans autre critère que
la preuve (pas évidente à faire, d’ailleurs)
qu’on ne touche pas d’argent de ses parents. Ce
n’est pas une allocation d’études : son montant
est très insuffisant pour vivre. C’est une
goutte d’eau, qui ne suffit même pas à
compenser les restrictions sur les autres aides,
et qui en plus ne va pas forcément à
ceux qui en ont le plus besoin.
Nous ne sommes donc pas de ceux qui crient victoire
et disent que c’est un premier pas vers sa généralisation.
C’est plutôt un premier pas vers la casse
du système des bourses. L’aspiration des
étudiants à être de plus en
plus autonomes est légitime: il est juste
d’exiger que la collectivité prenne en charge
nos années de formation, qui sont pour elle
un investissement. Mais la vraie question est celle
des moyens d’avancer vers cette autonomie. Pour
nous, il est clair que les aides financières,
tant qu’il n’y en a pas pour tout le monde, doivent
d’abord aller à ceux qui en ont le plus besoin.
Le travail d'un syndicat étudiant est de
se battre contre leur diminution, pour l’augmentation
progressive de leurs montants et du nombre de leurs
bénéficiaires (la situation exigerait
au moins le doublement de l’un et de l’autre), pas
de brandir une revendication qui n’a aucun sens
dans la situation actuelle, et peut facilement être
détournée pour liquider les aides
existantes. En revanche, les aides dites indirectes,
Resto-U et Cités-U, doivent être accessibles
à tous, et être un facteur d’autonomie
pour tous ceux qui le désirent.