Editorial
Tout dabord, nous tenons à vous remercier
de votre confiance aux élections dUFR, confiance
qui nous a permis de remporter une victoire historique.
Nous sommes le premier syndicat étudiant de Paris
IV avec 39 élus et 54% des voix, devant lUNI
qui obtient 8 élus avec 11,23% des voix, lUNEF,
5 élus et 8,35% des voix et DIES, 4 élus
et 5,47% des voix (le reste allant à diverses corpos).
Nhésitez jamais à nous contacter !
Nous pouvons faire entendre votre voix dans la quasi totalité
des UFR !
Sinon, notre campagne de pétitions sur le FAVE-FSDIE
a été soldée de succès. Le
budget du FAVE social, aide accordée à des
étudiants non boursiers en situation précaire,
une fois dans leur scolarité, devait être
diminué dau moins de moitié. Mais
nous avons obtenu quil soit augmenté de plus
de 35% sur les fonds propre de lUniversité.
Ce ne sont plus les étudiants seuls qui compensent
les manques de laide sociale mais lUniversité
elle-même.
Nous sommes toujours à votre écoute. Si
vous avez rencontré le moindre problème
dans le déroulement de vos examens, contactez-nous.
De
lAGEPS à lAGEPS-FSE...
Comme vous avez dû le remarquer lors des élections
dUFR, nous ne nous appelons plus simplement AGEPS
(Association Générale des Etudiants de Paris
Sorbonne) mais AGEPS-FSE. En effet, nous avons adhéré
en novembre à la Fédération Syndicale
Etudiante.
Pourquoi ? nous demanderez-vous. Nous avons la conviction
que laction syndicale commence par un travail de
proximité avec les étudiants sur un terrain
local, comme nous le faisons tant dans les différents
conseils de Paris IV (centraux et UFR) que par nos campagnes
dinformation et de pétitions. Mais nous pensons
également que seule une organisation nationale
garantit la défense des droits des étudiants
face à des réformes telles que la réforme
Lang (pages 2 et 3).
Née en juin 2000, la FSE est un syndicat jeune
et en plein essor. Alors quen novembre, elle nétait
présente que sur quatre universités, elle
est implantée depuis sur huit universités
à travers la France. Son projet : peser sur les
choix politiques de l'enseignement supérieur quand
d'autres préfèrent affirmer leur hégémonisme
sur la sphère universitaire en négociant
leur contrôle sur la restauration, le logement et
la santé des étudiants.
Au sein de la FSE, nous entendons défendre plusieurs
grands principes dans lintérêt des
étudiants. Le service public qui doit être
le garant de légalité des étudiants
sur lensemble du territoire quelles que soient leurs
origines sociales et géographiques. Pour cela nous
refusons la privatisation de lenseignement, et toute
main mise sous quelque forme que ce soit (économique,
politique, idéologique, religieuse
) dans
le domaine de lenseignement. La laïcité
qui nest pas seulement la neutralité en matière
religieuse, mais cest aussi la neutralité
et lindépendance face aux intérêts
privés économiques. La solidarité
qui doit sexprimer tant envers les étudiants
quenvers toutes les personnes victimes de discriminations.
C'est en elle que se fonde et s'exprime la nécessité
de s'unir en vue de lutter pour la suppression des inégalités
et des discriminations, afin de contribuer à la
justice sociale.
Nous défendons une vision indépendante
du syndicalisme de lutte. Nous refusons le syndicalisme
au service dintérêts carriéristes
ou dont les enjeux politiques dépassent le cadre
universitaire. Nous ne négocions pas dans le dos
des étudiants, contre les intérêts
des étudiants. Cest pourquoi nous refusons
le principe de cogestion. Nous ne sacrifions pas notre
indépendance pour devenir les gestionnaires de
lUniversité.
Pour lAide Sociale, nous souhaitons engager la
discussion la plus large possible sur une meilleure justice
sociale loin des débats démagogiques sur
lautonomie de la jeunesse. Il nexiste pas
dallocation miracle mais seulement une mauvaise
répartition des richesses et des aides. Il faut
donc un vrai débat sur laide sociale, le
logement et la restauration universitaire.Nous sommes
des étudiants rassemblés pour défendre
ensemble nos droits et en gagner de nouveaux afin d'améliorer
nos conditions de travail et de vie !
Réforme
Lang : le diplôme à points
Dans son discours du 4 octobre dernier, Jack Lang a exposé
ses projets de réformes pour l'Université.
Bien que semblant assez diverses, ses orientations s'inscrivent
dans une même logique de casse du service public,
qui était déjà celle de son prédécesseur
Claude Allègre.
La principale innovation de la future réforme Lang
est l'instauration du système de crédits,
dit ECTS (European Credit Transfer System). Déjà
annoncé le 23 avril 2001, ce système revient
à mettre en place des "diplômes à
points". Concrètement, un diplôme universitaire
ne s'obtiendra plus par année, avec des examens
par matière validant l'assimilation de connaissances,
mais par une accumulation de points. Par exemple, tel
cours de psycho donnerait 8 points, un cours d'anglais
donnerait 6 points, un stage en entreprise donnerait 10
points, etc... Une année s'obtiendrait au bout
de 60 points, soit 120 points pour valider un DEUG et
180 pour une licence. Le ministre a été
très clair : "J'ai décidé la
généralisation de ce système à
toutes les filières".
En théorie, ce système doit favoriser la
mobilité des étudiants dans les différents
pays d'Europe (on va étudier un peu à l'étranger,
et ce séjour est validé par des points).
Pourtant, ces séjours coûtent cher, et Lang
na annoncé que 4000 bourses de mobilité,
ce qui est ridicule pour 2 200 000 étudiants !
En réalité, on sait bien que l'actuelle
"harmonisation européenne" de l'enseignement
supérieur est destinée à transposer
le système anglo-saxon en Europe. La division de
l'année en semestres (instaurée par Bayrou
en 1997) puis l'organisation des cursus en 3/5/8 (sous
l'impulsion d'Allègre dès 1998) ont déjà
entamé cette mutation.
La casse du cadre national des
diplômes
Premièrement, dans le cadre des ECTS l'accréditation
des points par ECUE (ou matière) n'est garantie
par aucun cadre national. Mais le système des crédits
capitalisables permet aussi de faire avancer la pluridisciplinarité.
Ce système fait que les diplômes ne seront
plus spécialisés sur une discipline, mais
mixtes. Par exemple, un DEUG qui mélange lettres
modernes, histoire et espagnol (cest le cas à
Nîmes). Quel est le but de ce type de DEUG ? Voyons
ce qu'en dit Jack Lang : "La pluridisciplinarité
a d'une façon générale l'avantage
[...] de donner un cadre commode pour la professionnalisation
des formations". Concrètement, on va regrouper
des filières pour faire de beaux diplômes
exprès pour les entreprises locales. Et si on change
de région, le diplôme est-il reconnu nationalement
? Evidemment non, cest tout lenjeu de la régionalisation
des diplômes. Pendant ce temps, Lang continue quand
même à parler de mobilité des étudiants...
De plus, la pluridisciplinarité amène au
regroupement des filières dites non-rentables,
donc à terme il y a un risque de disparition de
ces filières en tant que telles. Au-delà,
c'est la continuation du lycée à l'université
: un DEUG avec un peu d'histoire, un peu de maths, un
peu d'anglais, cela existe déjà : ça
s'appelle le bac. A ceci près qu'il faut justement
avoir le bac pour entrer à l'université.
L'intérêt de le repasser une fois arrivé
à la fac nous semble excessivement limité.
De manière générale, la pluridisciplinarité
empêche tout approfondissement des connaissances,
et entraîne la création de diplômes
locaux, sans reconnaissance nationale (suivant en cela
l'exemple des licences professionnelles).
Manque de moyens généralisé
Fidèle à ses méthodes, Lang veut
faire passer sa réforme en essayant de faire croire
qu'il va donner beaucoup plus de moyens à l'enseignement
supérieur : or, loin des effets d'annonce, force
est de constater que le nombre de créations de
postes est ridicule par rapport aux besoins. Si 648 postes
d'enseignants seront créés à la rentrée
2002, il en manque actuellement... 13 592 ! (1) C'est-à-dire
qu'il sera créé 4,8 % des postes nécessaires.
Bonjour le foutage de gueule ! Les créations de
postes de personnels administratifs et techniques (IATOSS)
vont quant à elles carrément diminuer de
8 % a la rentrée 2002 ! Pourtant, il y a là
aussi une situation de pénurie : il manque 5 425
postes. Mais ça ne semble pas préoccuper
Jack Lang.
Notre ministre est au contraire très fier d'annoncer
que le nombre d'étudiant par enseignant va baisser
en moyenne de 0,65. C'est-à-dire que, au sein des
amphis surchargés, il y aura un tronc et un bras
détudiant en moins. On avance doucement.
Toujours est-il qu'on se rend bien compte, au vu des chiffres,
que l'autosatisfaction de Lang quant aux créations
de postes est sans rapport avec la réalité,
et que sa volonté n'est pas de s'attaquer au manque
de moyens dont souffre l'enseignement supérieur.
Objectif : professionnalisation
Toute la subtilité de la réforme Lang consiste
à profiter de l'instauration du diplôme à
points pour remplacer l'esprit universitaire par l'esprit
d'entreprise. Le but, en accord avec le MEDEF (groupement
des patrons), est de remplacer les connaissances par les
compétences. C'est une différence énorme
: l'université ne serait plus un lieu de création
et de transmission de savoirs, permettant l'émancipation
intellectuelle et le développement de l'esprit
critique. Au contraire, ce serait une antichambre des
entreprises, avec une formation ayant pour but de "rentabiliser"
l'université (et les étudiants). C'est contraire
au principe de service public, et c'est de plus totalement
inefficace : s'il n'y a que 8 emplois pour 10 étudiants,
on peut réformer la fac dans tous les sens, il
n'y aura quand même que 8 emplois pour 10 étudiants.
Lang a également annoncé "un grand
développement des stages". Les licences professionnelles
comprennent déjà un stage obligatoire (et
non-remunéré) de 12 à 16 semaines,
soit la moitié de l'année universitaire.
Ce principe sera étendu, notamment dans le cadre
des cursus pluridisciplinaires et du diplôme à
points. Concrètement, l'étudiant paiera
ses frais d'inscription pour aller travailler bénévolement
dans une entreprise, et ainsi occuper la place d'un chômeur.
Les stages se feront également au détriment
de l'acquisition des savoirs fondamentaux.
Le statut des enseignants-chercheurs sera à nouveau
révisé, pour mieux prendre en compte "le
développement de l'enseignement en ligne, l'accroissement
considérable de la professionnalisation des études,
l'investissement des chercheurs dans le monde de l'entreprise".
Les étudiants ne sont donc pas les seuls visés.
Jack Lang souhaite également la disparition des
DEA et DESS, et leur fusion au sein des "mastères",
diplôme tout droit sorti du rapport Attali de 1998.
Cela pour avancer encore dans la logique du 3/5/8 (puisqu'il
s'agit de diplômes à bac +5) et l'adaptation
au "modèle" anglo-saxon, plus précisément
au "master's degree", qui est l'équivalent
du bac +5 américain.
L'autonomie croissante des universités
Lang a annoncé qu'il souhaitait "donner plus
de capacités d'initiative" aux universités,
en particulier à leurs présidents. Cela
implique une plus grande autonomie des facs, donc un pas
de plus vers la fin d'un cadre national, seul garant possible
d'un service public égalitaire. En contrepartie,
les facs seront soumises à "une évaluation
fréquente, régulière et systématique".
C'est aller encore plus loin dans la mise en concurrence
des universités entre elles.
Le ministre a également annoncé l'ouverture
à cette rentrée de dix "campus numériques".
Le but selon Lang est de "permettre à la France
de garder sa place dans un contexte de concurrence internationale".
Le savoir n'est plus considéré comme une
richesse collective qu'il faut partager, mais un marché
sur lequel il faut être compétitif. Cela
revient à gérer l'enseignement supérieur
comme une entreprise, ce qui participe au processus actuel
de marchandisation et de privatisation des universités.
Enfin, afin de se mettre dans la poche les structures
étudiantes institutionnelles, Lang a également
annoncé pour les étudiants engagés
dans les actions associatives : "une validation de
ces actions dans le cadre de la formation". C'est-à-dire
que des étudiants pourraient obtenir des points
en fonction de leur participation à des actions
associatives. Le but pour le ministère est d'acheter
les élus étudiants des universités,
en échangeant des crédits pour leur diplôme
contre leur silence face aux réformes actuelles
et au manque de moyens. Nous n'accepterons pas ce système
non égalitaire favorisant les membres des associations
proches du ministère. Les membres de la FSE n'accepteront
jamais d'en bénéficier.
La réforme Lang constitue une attaque de plus
contre nos conditions d'études. Néanmoins,
elle n'est pas une fatalité. Nous appelons l'ensemble
des étudiants à s'unir contre cette réforme,
tant qu'il est encore temps !
Non au diplôme à
points !
Non à la privatisation
rampante des universités !
Pour une Université de
service public, gratuite et laïque !
Réengagement financier
total de l'Etat dans l'enseignement supérieur !
Les citations sont extraites du discours de Jack Lang
du 4/10/2001. Vous pouvez en consulter le texte intégral
sur :
www.luttes-etudiantes.com/droits/contenu/discourslang2001/001.html
(1) : Chiffres du SNESup.
Pourquoi
nous sommes contre l'allocation d'autonomie ?
Explication par l'exemple
L'allocation d'autonomie est un projet de système
destiné à remplacer les bourses actuelles
en assurant une allocation à tout étudiant
en fonction de ses propres revenus et non de ceux de ses
parents.
Mise en situation rapide afin de démontrer en
quoi, derrière sa façade alléchante,
lallocation d'autonomie conforte les inégalités
sociales entre les étudiants.
Marc et Sophie sont deux amis venus à Paris pour
étudier.
[ ] Marc, issu d'une famille relativement aisée,
reçoit chaque mois un chèque de 2000Frs
pour subvenir à ses besoins. Or cet argent n'apparaît
pas sur sa déclaration de revenus : il est officieux.
Cet étudiant, ainsi reconnu sans revenu, toucherait
l'allocation au plus haut échelon qui serait (mettons)
de 3000Frs. Dans ce cas de figure très courant,
la question essentielle est la suivante :
Marc va-t-il se dire (cochez la case correspondante)
:
[ ]" Mes parents ne m'aideront plus, je peux être
enfin indépendant ! "
[ ]" 2000 balles d'argent de poche pour sortir tous
les week-ends et partir en Tunisie à Pâques
! "
[ ] Sophie, dont le foyer ne touche qu'un seul salaire,
ne peut recevoir d'aides. Elle fait donc une demande d'allocation
et reçoit, en vue de sa situation, l'indemnisation
de 3000Frs. Cet argent lui permettra ainsi de prendre
une chambre U ou un appart en collocation; de manger matin,
midi et soir; de financer ses études (inscriptions,
livres.) ainsi que ses frais interscolaires (hygiène,
transports.).
Les comptes faits en fin de mois, Sophie sinterroge
: Que faire des 100Frs restants ? (aidez-la en cochant
la case de votre choix) :
[ ] S'acheter un CD "vert" à la FNAC
[ ]Aller au resto pour l'anniversaire d'une amie
[ ] Epargner dès maintenant au cas où Marc
l'inviterait à partir avec lui pour Pâques
2004
Quelles
conclusions ?
Lexemple, même sil reste exemple, a
tout de même la vertu de mettre en valeur les failles
dun système. Que ferions-nous tous à
la place de Marc ? Refuserions-nous largent de nos
parents au nom dune indépendance toute relative
? Ou utiliserions-nous cet argent supplémentaire
afin de vivre beaucoup plus aisément ? Car qui
donc achèterait son indépendance 24000Frs/an
? Un système daides sociales qui aurait dû
supprimer les inégalités qui existent entre
les deux étudiantes, du fait de leur situation
familiale, est ici mis à la trappe. On refuse les
réels besoins de chacun en les aidant de la même
manière. Cest une façon de procéder
totalement manichéenne qui généralise
une multitude de cas complexes et différents sous
un même traitement.
Il est important de constater que cette allocation nest
pas adaptée à lUniversité car
LES ETUDIANTS NE CONSTITUENT PAS UNE CLASSE SOCIALE !
Ceux qui le croient se trompent et trompent par la même
occasion tous les étudiants. Le problème
daides sociales est indiscutable et un changement
rapide est plus que souhaitable ! Mais nacceptons
pas à ce titre nimporte quelle proposition
qui ne ferait quempirer les choses !
Pourquoi
nous sommes contre l'allocation d'autonomie ?
Parce que cest une façon de faire du social
totalement individualiste qui renforce les inégalités
sociales entre les étudiants. Cest un système
qui sauto incite à être transgressé,
sans fondement et donc sans avenir ! Peut-on donc parler
sans mentir de réelle avancée sociale ???
Le système de bourses, actuellement en place nest
pas à rejeter en tant que système car il
reste le plus adapté à une bonne répartition
des aides sociales. Il est cependant défectueux
et mérite dêtre restauré :
O En premier lieu, il est
primordial de réaffirmer la valeur et le volume
des aides. Ainsi, il faut doubler le nombre de bourses
accordées aux étudiants et doubler le revenu
annuel pour chaque échelon.
O De ce fait, tous les étudiants
en difficulté recevront enfin une aide, qu'ils
n'avaient pas toujours jusqu'à présent,
grâce à un élargissement des critères
d'accès aux bourses.
O De plus, l'administration
se fera moins rigide avec une augmentation du nombre d'assistantes
sociales qui pourront traiter davantage de cas litigieux
(notamment en cas de brouille avec les parents, ou de
problèmes de surendettement).
D'autres évolutions sont encore à souhaiter
! N'hésitez pas à nous contacter pour discuter
et construire ensemble sur ce sujet.
Ne nous enfermons pas dans une pensée trop simpliste
!
N'absorbons pas les idées démagos !
CREONS NOTRE ALTERNATIVE POUR UNE
VERITABLE JUSTICE SOCIALE !